Les Pères de l’Eglise sont des auteurs chrétiens, le plus souvent des évêques, en tout cas toujours des hommes chargés de responsabilités pastorales, qui dans les premiers siècles de l’Eglise, par leur prédication et par leurs écrits, ont influencé les développements de la doctrine chrétienne et contribué à la formation des chrétiens de leur époque et des siècles à venir.
v. 130-208 – Saint Irénée – Disciple de Polycarpe (évêque de Smyrne), lui-même disciple de Saint Jean. Evêque de Lyon, Irénée nous a laissé son Contre les Hérésies, œuvre majeure écrite après 177, date où Irénée se retrouve à Lyon, après le martyre de Saint Pothin, et donc 2e évêque de cette ville de Gaule.
329-390 – Saint Grégoire de Nazianze – Ami de Basile de Césarée, sensible, délicat, poète, Grégoire eut toute sa vie une préférence marquée pour la vie contemplative, à laquelle il dut se soustraire pour les nécessités pastorales. Grand théologien (cf. par exemple ses Discours théologiques), mais aussi poète qui a médité sur des thèmes chrétiens (cf. son poème autobiographique Sur sa vie), évêque de Constantinople (de 380-381) et grand prédicateur, il a laissé de nombreuses lettres et homélies.
339-394 – Saint Ambroise – Elu évêque par acclamation populaire le 7 décembre 374, alors qu’il n’est pas encore baptisé, Ambroise se mit aussitôt à étudier la Sainte Ecriture et les Pères pour se donner une culture religieuse dont il était dépourvu. Il joua un rôle important dans la conversion d’Augustin. La virginité fut un des thèmes préférés d’Ambroise (cf. notamment Les vierges). Il organisa la liturgie et la discipline de l’église milanaise, et eut également une importante activité de prédicateur et de théologien (commentaires exégétiques, de la Genèse aux Psaumes, où il marque une préférence pour l’interprétation allégorique et mystique, à l’école d’Hippolyte, d’Origène et de Basile). Défenseur des pauvres et de la liberté de l’Eglise.
345-407 – Saint Jean Chrysostome – Surnommé « Chrysostome », c’est-à-dire « bouche d’or », en raison de son talent oratoire, Jean est né à Antioche, où il fut prêtre après une brève expérience monastique. L’évêque Flavien lui confie la charge de prédicateur. Sa prédication est imprégnée de méditations bibliques et Jean s’adresse au peuple par des exhortations pressantes à la vie chrétienne. Sa renommée est tellement grande qu’il est intronisé à Constantinople sur le siège épiscopal qui avait été celui de Grégoire de Nazianze. En conflit avec une partie du clergé et de la cour du fait de ses discours sans compromission, Jean doit affronter des crises violentes qui se terminent par son exil en Arménie. C’est là qu’il mourut des suites des très grandes épreuves qu’il avait connues, ainsi que des mauvais traitements subis. Il laisse une œuvre exceptionnelle avec notamment de très nombreuses homélies (sur la première et la seconde lettres aux Corinthiens, sur les Actes des Apôtres, sur l’Evangile de Jean, sur l’Evangile de Matthieu, etc.) et des Catéchèses baptismales d’une très grande importance, pour ne citer que quelques-unes parmi ses oeuvres majeures.
354-430 – Saint Augustin, évêque d’Hippone – Œuvre considérable. Augustin est l’un des premiers et des principaux « Pères latins », qui a été de tous les combats pour la définition de la vraie foi catholique ; c’est l’un des Pères de l’Eglise qui a écrit à peu près sur tous les sujets, mais s’est tout particulièrement illustré par ses écrits sur la grâce, le désir de Dieu, l’Amour, le Christ…
On pourrait dire que Saint Augustin a écrit à peu près sur tous les sujets qui concernaient l’Eglise de son époque, mais beaucoup des thèmes et des questions traités par lui continuent à concerner l’Eglise actuelle. On peut trouver dans l’immense oeuvre d’Augustin des orientations et des éléments de réponse pour des questions qui préoccupent le croyant ou l’incroyant (car Saint Augustin a d’abord été incroyant avant d’être l’un des croyants les plus passionnés de toute la chrétienté !). Mais Augustin a surtout été, toujours, un chercheur de Dieu (« Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle », Conf., Ch. X) : quand il était simplement catéchumène, pas encore bien décidé à recevoir le baptême (« Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi », Conf. Ch. X), quand il voulait découvrir le vrai Dieu, assoiffé qu’il était de vérité et d’Amour (« j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix. », Conf. Ch. X), mais aussi quand il songeait aux orientations à donner à sa vie, puis quand, baptisé, devenu très rapidement moine et prêtre, puis évêque, il défendit la foi catholique face à de nombreuses hérésies, et quand il annonça partout et toujours à travers sa prédication quotidienne, les fondements de la foi (qu’il contribua à préciser doctrinalement), nourrie par la lecture constante de la Bible et la méditation et la rencontre de Dieu dans la prière.
Un extrait du traité XV de la Trinité :
« De toutes mes forces, celles que tu m’as données, je T’ai cherché, désirant voir ce que j’ai cru. Et j’ai lutté, et j’ai souffert. Mon Dieu, mon Seigneur, mon unique espoir, accorde-moi de n’être jamais las de te chercher, qu’avec passion sans cesse je cherche ton visage. Toi qui m’as donné de Te trouver, donne-moi le courage de te chercher et d’espérer Te trouver toujours davantage. Devant Toi ma solidité : garde-la. Devant Toi ma fragilité : guéris-la. Devant Toi tout ce que je sais, tout ce que j’ignore. Par là où Tu m’as ouvert, j’entre : accueille-moi. De là où Tu m’as fermé, j’appelle : ouvre-moi. Accorde-moi de ne pas T’oublier, accorde-moi de Te comprendre. Mon Dieu, mon Seigneur, accorde-moi de t’aimer« .
406-461 – Saint Léon le Grand – Pape à la personnalité vigoureuse qui s’est distingué par ses initiatives dans le clergé romain avant même son pontificat. Il a révélé sa noble personnalité surtout comme évêque de Rome et pape. A Rome, il a organisé la charité, lutté contre le paganisme et les hérésies locales, manichéisme et pélagianisme en particulier, et mené avec un zèle exceptionnel sa tâche pastorale, par la liturgie et la prédication. Comme pontife universel, il a pris position dans une série de conflits disciplinaires et doctrinaux, est intervenu dans les Conciles. Théologien, il a laissé de très nombreuses Lettres, des sermons. On peut en dégager une christologie, une doctrine de l’Eglise, mais également une très grande spiritualité.
315-386 – Saint Cyrille de Jérusalem – Originaire des environs de Jérusalem, il devint prêtre en 345 puis évêque de Jérusalem en ce IVe siècle troublé par les querelles entre ariens et orthodoxes. Il fut, à trois reprises, chassé de son siège épiscopal par les ariens qui contestaient la pleine divinité du Christ. Il vivra en tout dix-sept années en exil. En 378, il revient enfin définitivement dans Jérusalem déchirée par les divisions. Il prêchera inlassablement pour enfanter un peuple chrétien dans la ville qui connut la Passion du Christ et sa Résurrection. Ce seront ses admirables catéchèses de la nuit pascale pour la formation des nouveaux baptisés. Il le faisait près des deux « grottes mystiques », celle du Tombeau du Christ près du calvaire, et celle du Mont des Oliviers. Elles lui ont valu d’être proclamé docteur de l’Église par Léon XIII.
Saint Grégoire le Grand – Le pape saint Grégoire le Grand vécut de 540 à 604. Il est docteur de l’Eglise, sa fête a lieu le 3 septembre. Né à Rome dans une famille patricienne, il devint préfet de la ville. En 575, ayant renoncé à ses charges et à sa fortune, il devint moine et se retira dans un monastère qu’il fonda et établit sous la règle bénédictine. Après une ambassade à Byzance pour le compte du pape Gélase II, il fut élu pape et eut à organiser la défense et l’organisation de Rome lors de l’invasion des Lombards ainsi qu’à négocier avec eux, pour éviter un plus grand malheur à la ville. Ce fut lui qui envoya saint Augustin de Cantorbéry en Grande-Bretagne pour évangéliser ce pays. Il tourna l’Eglise vers les jeunes nations barbares qui s’étaient implantées dans les ruines de l’ancien empire Romain d’Occident. On doit à saint Grégoire de nombreuses lettres, homélies, dialogues et traités de pastorale. Il est à l’origine d’une réforme liturgique et le chant dit « grégorien » porte son nom.
406-451 – Saint Pierre Chrysologue – théologien, conseiller du pape Léon Ier fut évêque de Ravenne de 433 à sa mort. Il fut déclaré docteur de l’Église par le pape Benoît XIII en 1729.
À la mort de l’évêque Ursus, Pierre Chrysologue fut choisi par le pape Sixte III pour lui succéder en 433. On raconte que ce choix lui fut guidé par l’apôtre Pierre lui-même par et saint Apollinaire, premier évêque de Ravenne, siège stratégique puisque Ravenne était alors la résidence des empereurs d’Occident.
Le surnom de « chrysologue » (aux paroles d’or) lui vient de son éloquence. Il lui aurait été conféré pour la première fois par Agnellus de Ravenne dans son Liber Pontificalis Ecclesiae Ravennatis[3]. On a conservé de lui une collection de sermons.
Saint Césaire d’Arles – Saint Césaire († 27 août 543) fut d’abord moine à Lérins, mais sa santé fragile ne lui permettait de suivre les austérités du monastère. Il vint à Arles pour se reposer. L’évêque du lieu, Éone, l’agrégea à son clergé. Césaire lui succédera sur le siège épiscopal au début du sixième siècle. Le nouvel évêque prendra sa charge pastorale très à coeur, s’y vouant corps et âme notamment par la prédication. Nous disposons encore de plus de 200 de ses sermons, courts, vivants, destinés à stimuler la foi de ses ouailles et l’ardeur apostolique de son clergé.
(…- 444) – Saint Cyrille d’Alexandrie – Docteur de l’Eglise. Patriarche d’Alexandrie en Egypte, comme l’avait été son oncle, il fut un écrivain fécond et un grand pourfendeur d’hérésies. Il était violent, intransigeant et de tempérament dictatorial. Il contribua de son mieux à persécuter et à faire destituer saint Jean Chrysostome. Il fit fermer les églises des schismatiques d’Alexandrie et chasser les juifs de cette ville. Il ameuta les moines de Nitrie contre le préfet impérial qu’il détestait. Plus que pour ces mérites douteux, sa gloire est sans aucun doute d’avoir été l’âme du concile d’Ephèse en 431 où fut condamné Nestorius, le patriarche de Constantinople, pour qui le Verbe de Dieu avait habité dans la chair « comme dans une tente » et n’était pas homme véritablement. C’est le concile d’Ephèse qui proclama la bienheureuse Vierge Marie, « Mère de Dieu » ou « Theotokos ». Comme quoi aussi, les mauvais caractères peuvent devenir des saints.
Saint Thomas d’Aquin (né en 1224/1225 au château de Roccasecca près d’Aquino en Italie du Sud, mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova près de Priverno dans le Latium), est un religieux de l’ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré comme l’un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, il a été canonisé en 1323, puis proclamé docteur de l’Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est également un des patrons des libraires. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique ». Son corps est conservé sous le maître autel de l’église de l’ancien couvent des dominicains de Toulouse.
De son nom dérivent les termes :
– « thomisme » / « thomiste » : concerne l’école ou le courant philosophico-théologique qui se réclame de Thomas d’Aquin et en développe les principes au-delà de la lettre de son expression historique initiale ;
– « néo-thomisme » : courant de pensée philosophico-théologique de type thomiste, développé à partir du XIXe siècle) pour répondre aux objections posées au christianisme catholique par la modernité ;
– « thomasien » : ce qui relève de la pensée de Thomas d’Aquin lui-même, indépendamment des développements historiques induits par sa réception.
En 1879, le pape Léon XIII, dans son l’encyclique Æterni Patris, a déclaré que les écrits de Thomas d’Aquin exprimaient adéquatement la doctrine de l’Église. À l’époque on distinguait encore mal la pensée de Thomas d’Aquin lui-même de l’école thomiste et des infléchissements notionnels dus à sa réception au cours du temps. Le concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres, no 16) propose l’interprétation authentique de l’enseignement des papes sur le sujet, plus précis et plus ouvert à la fois, en demandant que la formation théologique des prêtres se fasse « avec Thomas d’Aquin pour maître ».
Dans la continuité du propos de l’Église catholique, Thomas d’Aquin a proposé, au XIIIe siècle, une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu’il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie réaliste d’Aristote. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae) afin d’exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière ’subalternée’ à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude.
Saint Bernard – Né au château de Fontaine, près de Dijon, d’une famille de la noblesse, Bernard devient moine dans l’abbaye cistercienne de Cîteaux en 1113, petit village au sud de Dijon. Il fonde en 1115 l’abbaye de Clairvaux, au nord de Dijon, dans l’Aube, et en est le premier abbé. Sous sa direction, l’abbaye de Clairvaux se développe considérablement et devient l’abbaye la plus éminente de l’ordre cistercien, essaimant elle-même rapidement en cent soixante monastères. La rumeur selon laquelle Bernard accomplirait de nombreux miracles et ses sermons éloquents attirent de nombreux pèlerins. Sa personnalité et sa spiritualité influencent considérablement l’Occident chrétien. Il intervient dans les affaires publiques et conseille les princes, les évêques et les papes. Il aurait rédigé la règle de l’ordre des Templiers et, en 1128, il obtient des responsables ecclésiastiques la reconnaissance officielle de l’ordre. Dans la lutte pour la papauté entre le pape Innocent II et l’antipape Anaclet II, Bernard tranche, au concile d’Étampes en 1131, en faveur d’Innocent II. En 1146, à la demande du pape Eugène III, son disciple, Bernard commence à prêcher pour la deuxième croisade. Son sermon, prononcé à Vézelay, déchaîne l’enthousiasme en France. Il parcourt la Lorraine, les Flandres, la Rhénanie et participe activement à la formation des armées dans le nord de la France, dans les Flandres et en Allemagne. Louis VII, roi de France, est convaincu et se joint à la croisade. L’échec de la croisade est une grande déception pour Bernard. Il meurt à l’abbaye de Clairvaux le 20 août 1153. Il a été canonisé en 1174 et nommé docteur de l’Église en 1830. Sa fête est le 20 août dans l’Église catholique.