Les tableaux qui ornent les murs de l’église ont été mis en place à partir du XIXème siècle ; depuis, leur répartition a subi plusieurs modifications.

Sur le bas-côté droit, on trouve successivement, en montant du bas de l’église vers l’autel :

La Vierge à l’Enfant

Cette copie de l’œuvre de Murillo, conservée au palais Pitti de Florence, décore le bureau d’accueil au fond de l’église. Les œuvres de ce peintre, pieuses et réalistes, expriment le XVIIème siècle sévillan. Murillo est réputé comme le peintre de la douceur féminine, choisissant parmi les plus jolies femmes espagnoles le modèle qui l’inspirait le mieux pour représenter Marie. 
Ce tableau a été offert à Saint-Symphorien par une paroissienne en 1837.

Le mariage mystique de Catherine d’Alexandrie

Anonyme français du XVIIIème siècle
Catherine était une princesse, fille du roi Costus et de la reine Sabinelle. Grande chrétienne dès son enfance, elle refusa de se marier pour devenir l’épouse du Christ. Aussitôt après son baptême, vers dix-sept ans, l’Enfant Dieu lui apparut. Née à Alexandrie, centre intellectuel réputé, Catherine y avait fait de brillantes études. Vers 307, l’empereur Maxence lui demanda d’entrer à son service en raison de son érudition, de sa sagesse et de sa culture. Cela exigeait d’elle d’abjurer sa foi. Sur son refus, l’empereur la fit torturer au moyen de roues armées de pointes de fer et de lames coupantes, puis la fit décapiter. Après son martyre, son corps aurait été miraculeusement transporté par des anges sur le mont Sinaï où sainte Catherine reste l’objet d’une grande vénération. Grâce aux récits des croisés qui « embellirent » son histoire, elle fut connue en Occident. Toutefois son existence et son martyre ont été contestés comme relevant de la légende. Les brillantes qualités de Catherine la firent choisir, dès le Moyen Age, comme sainte patronne de la Faculté de théologie de l’Université de Paris. Sa fête est célébrée le 25 novembre.
C’est le refus du mariage pour se consacrer au Christ et l’apparition de celui-ci qui sont le thème du tableau où Jésus, sur les genoux de Marie, lui tend l’anneau symbole de ses fiançailles mystiques. L’oblique du tableau accentue le geste. L’Enfant Dieu et Marie sont entourés d’anges qui chantent et jouent de la mandoline.
L’ouverture, en fond de tableau, est traditionnelle chez les peintres du Nord : avec les carrelages en premier plan, elle donne une impression de profondeur à la scène représentée. La verticale des colonnes à la romaine qui soulignent cette profondeur, et l’horizontale des marches du trône équilibrent le tableau.
Le peintre s’est inspiré d’un tableau de Véronèse conservé au musée de l’Académie à Venise.

Jésus chassant les marchands du temple

Michel SERRES
L’intervention de Jésus contre l’utilisation des lieux sacrés pour y mener des transactions commerciales ou financières est rapportée par tous les évangélistes : Otez cela d’ici. Ne faites plus de la maison de mon Père une maison de commerce. (Jean 2, 14-16)
Michel Serres s’est inspiré de la description que fait saint Jean. On y revit la colère du Christ armé de son fouet de cordes pour disperser les marchands et les changeurs de monnaies. La brebis, pattes liées, semble vouloir mordre son propriétaire, tandis que les pigeons s’enfuient à tire d’aile.
Les diagonales du tableau amplifient la violence de cette intervention mais deux verticales rétablissent l’équilibre. En arrière-plan, des personnages bavardent entre eux sans paraître se soucier de l’événement.
Michel Serres (1658-1733) est né à Tarragone, mais a passé sa jeunesse à Rome avant de se fixer à Marseille. De la Provence, il a tiré son sens de la vivacité des couleurs. Nommé « peintre des galères du roi » en 1693, il révéla dans cette fonction un talent qui lui valut la notoriété. 
Il peignit d’autres œuvres religieuses pour les couvents de sainte Claire et de la Madeleine à Marseille et Aix-en-Provence. En 1704, il avait été nommé peintre de l’Académie royale de peinture. Il mourut à Marseille en 1733.
Sur ce tableau, la musculature des deux vendeurs menacés montre que le peintre s’est inspiré de ses souvenirs des galères ; il a su peindre tout le réalisme de la scène.
Ce tableau, retiré de l’église Saint-Symphorien lors de la Révolution, fut restitué en 1806. Il est classé « Monument Historique » depuis 1908.

Le Christ en croix

Anonyme
Ce tableau montre la mort de Jésus, « entre la sixième et la neuvième heure quand, le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur le pays tout entier… Jésus poussa un grand cri : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Luc 23, 44-46). La tête tombe sur la poitrine. Tout est fini et sa mission sur la terre est achevée.
Le corps du crucifié, désormais détaché de ses souffrances, remplit le tableau. Il est délicatement modelé, comme éclairé d’une lumière intérieure, peut-être à la manière de Prud’hon quand, en 1822-1823, il peignit son  » Christ expirant » : c’est la seule comparaison à retenir. Prud’hon a représenté les souffrances du Seigneur alors qu’ici tout est paix : le drame est terminé.
La croix, avec le corps du supplicié, domine l’oeuvre ; les personnages en arrière plan sont plus petits afin de souligner l’importance du sacrifice du Christ offert pour racheter les fautes des hommes et les accueillir dans la miséricorde de son Père.
L’obscurité règne, soulignée par la présence de la lune à trois heures de l’après-midi. On devine, au loin, la ville de Jérusalem et quelques constructions sur la gauche de la croix. Le cheval cabré d’un des gardes rappelle le texte de saint Matthieu (27, 54). Quant au centurion et aux hommes qui gardaient avec lui Jésus, ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu. »
S’agit-il d’un tableau de petites dimensions qui aurait été agrandi au XXème siècle, pour l’accorder à la taille des autres tableaux de l’église ? Les raccords de toile, bien visibles, militent en faveur de cette hypothèse.

La Résurrection du Christ

Nicolas-Guy BRENET
Ce tableau a été peint en 1775 par Nicolas-Guy Brenet qui a également exécuté une très belle « Assomption » pour l’église Notre-Dame de Versailles. C’était un élève de Boucher, ami des grands peintres de l’époque comme Coypel, Saint-Aubin, Renou… Présenté au Salon des artistes, le tableau est classé « Monument Historique » depuis 1908.
Le mouvement du Christ sortant du tombeau et s’élançant vers le ciel illustre bien le thème. La lumière qui le transcende repousse les ténèbres. L’ange, à droite, soulève la pierre fermant le tombeau. Sur la gauche, les trois croix du calvaire sont toujours là. La main droite du Christ, protectrice, est un signe de la paix qu’il apporte au monde. La beauté de son corps illuminé s’oppose au réalisme des soldats romains terrassés par la peur. L’envolée du linceul blanc, peint avec raffinement et délicatesse, met en valeur le Christ ressuscité, soulignant pour nous l’importance de l’événement.

La Nativité

ALCAN
Situé au-dessus de l’autel du Saint Sacrement, ce tableau présente, dans une étable qui ouvre sur un paysage oriental où quelques bâtiments peuvent évoquer Bethléem, Jésus nouveau-né avec Marie, Joseph et deux anges qui, émerveillés, se penchent sur l’Enfant Dieu.
Saint Joseph est traditionnellement représenté plus âgé que Marie qu’il protège. Il semble que les têtes d’angelots qui sortent des nuages sont là pour chanter la gloire de Dieu.

Sur le bas-côté gauche, en se dirigeant vers le bas de l’église, on trouve :

Saint Roch soigné par les anges

Daniel HALLE
Saint Roch, né à Montpellier, aurait vécu de 1295 à 1327. Sa vie est chargée de légendes. Au cours d’un pèlerinage à Rome où sévissait la peste, il se dévoua au soin des malades. Le mal venu du Moyen-Orient faisait d’horribles ravages en Europe. Roch, qui avait contracté la maladie, dut s’appliquer à lui-même la quarantaine. Son chien lui apportait sa nourriture. Depuis le concile de Ferrare (1439), son culte se répandit dans toute l’Europe où il était invoqué comme protecteur lors des épidémies de peste, puis de toutes les maladies contagieuses. Au Moyen Age, pour se protéger du terrible fléau, beaucoup de villages du Sud de la France dressaient son image à leur entrée. Marie Leczinska avait fait déposer des reliques du saint dans la chapelle du Grand Commun où se préparaient les repas de la famille royale.
Comme d’autres peintres, Daniel Hallé (1614-1675) représente le saint avec la plaie qu’il a sur la jambe. Un ange, à sa gauche, se penche sur le bubon qui vient d’apparaître sur la cuisse découverte : un autre soutient saint Roch de ses bras en lui montrant le ciel. Son chien fidèle est représenté à ses côtés.
L’attitude confiante du saint, la beauté des plis de son vêtement ont été peints avec délicatesse. La lumière qui l’éclaire avec discrétion et qui souligne la présence des anges dont les ailes sont peintes avec raffinement, incite au calme et à la confiance. Les obliques passant par les têtes des anges et la verticale amorcée par les deux angelots équilibrent le tableau.
Ce tableau est classé « Monument Historique » depuis 1908 et situé au-dessus de l’autel de la chapelle dédié à saint Roch. Daniel Hallé l’a peint en 1669. Travaillant beaucoup pour les églises, il peignit, en particulier, un martyre de saint Symphorien destiné à l’église Saint-Germain-des-Prés.
La fête de saint Roch est célébrée le 16 août.

L’apparition de Marie à sainte Elisabeth, reine de Hongrie

Jacques STELLA
Ce tableau, classé « Monument Historique » depuis 1908, a été exécuté par Jacques Stella (1596-1657). Il alla très tôt en Italie où il rencontra Poussin. Richelieu reconnut vite son talent et l’attacha à son service. Il fut nommé peintre du roi. Lyonnais d’origine, il peignit ce tableau pour la chapelle des Franciscaines de Bellecour, en 1645, date retrouvée lors de la restauration à la fin du XXème siècle. Les religieuses ayant besoin d’argent, elles vendirent leur couvent en 1745. On ignore alors la destinée du tableau jusqu’en 1835… année où il fut acheté par le curé Pinard ou par la Fabrique pour rappeler la générosité de Madame Elisabeth, petite sœur de Louis XVI, en faveur des pauvres de la paroisse de Montreuil où s’élevait sa propriété.
Elisabeth de Hongrie, qui vécut au XIIIème siècle, est représentée déposant sa couronne au profit de son fils aîné, avant de se vouer au service des malades. Portés sur un nuage représentant le ciel, Marie et l’Enfant la regardent avec tendresse.
Elisabeth avait fondé un hôpital à Marburg. Elle était membre du Tiers ordre. Saint François lui-même est représenté sur le tableau, tenant une croix de bois à la main droite et posant l’autre sur un grand livre, probablement celui des Ecritures. Devant lui, saint Jean tient une coupe d’où sortent deux petits serpents venimeux symbolisant la violence de son caractère (fils du tonnerre) dont triompha le disciple bien-aimé. Un ange semble désigner à Marie l’asile à placer sous sa protection.
L’attitude à la romaine, les vêtements et la chevelure de saint Jean donnent à penser qu’il s’agit d’un portrait du donateur vivant dans la première moitié du XVIIème siècle.
Madame Elisabeth avait vivement souhaité faire construire une église vouée à sa sainte patronne. Sa fin tragique ne lui permit pas de mener à bien ce projet. Il a fallu attendre le milieu du XIXème siècle pour que cette église soit réalisée en souvenir d’elle dans le « Petit Montreuil ». Il s’agit de l’actuelle église Sainte-Elisabeth, rue des Chantiers.
La fête de sainte Elisabeth, est fixée au 17 novembre.

La conversion de saint Paul

Jean-Baptiste DESHAYS
Peintre normand, Jean-Baptiste Deshays (1729-1765) fut un élève de Restout et de Van Loo. Il épousa la fille de Boucher. Il obtint le grand prix de Rome et fut reçu à l’Académie des Beaux-Arts.
Son tableau représente Saul, citoyen romain, aveuglé en plein jour par un éclair et terrassé sur le chemin de Damas où il se rendait pour persécuter les chrétiens. Les Actes des apôtres (9, 3-4) rapportent que « soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
Saul, les soldats, les chevaux sont terrorisés. En premier plan, à plus grande échelle, le peintre utilise cette lumière éblouissante pour décrire Saul et sa monture jetés sur le sol, insistant ainsi pour nous faire saisir toute l’importance du message.
L’oeuvre aurait été peinte dans la sacristie de l’église Saint-Louis. Présentée au Salon de 1765, elle y fut très admirée. Retiré de Saint-Louis sous la Révolution, le tableau fut attribué à Saint-Symphorien en 1806. Il est classé « Monument Historique » depuis 1908.
On fête saint Paul le 29 juin.

Les pèlerins d’Emmaüs

Anonyme du XVIIème siècle
La scène est décrite par saint Luc au chapitre 24 (30-31) au moment où « une fois à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… »
L’auteur de ce tableau est inconnu. Nombreux sont les peintres qui s’inspirèrent du sujet. On peut penser que cette oeuvre a été réalisée au XVIIème siècle.
Le Christ ressuscité, personnage central et important, est entouré des deux disciples rencontrés sur le chemin d’Emmaüs, qui se tournent vers lui. A la manière du Caravage, la forte lumière provenant de la flamme d’une seule et haute bougie, met particulièrement en valeur le visage et les mains du Christ qui va consacrer le pain. La table modeste rappelle celle d’une simple auberge d’Israël, mais la salle évoque davantage celle d’un palais comme il était habituel de le faire autrefois pour marquer l’importance de l’événement.
La fenêtre est ouverte sur le paysage. On notera la coquille, sur l’épaule d’un personnage, pour bien souligner qu’il s’agit d’un pèlerin comme ceux qui prenaient le chemin de Compostelle.
Cette oeuvre a été offerte par la Confrérie du Saint-Sacrement de Saint-Symphorien, association pieuse qui existait déjà au Moyen Age et dont les membres avaient pour mission de propager la dévotion au Saint Sacrement tout en pratiquant la charité. Elle se réunissait autrefois le jeudi, jour consacré à l’Eucharistie.
Le tableau, classé « Monument Historique » depuis 1908, est parfois recensé dans les inventaires de la paroisse sous le nom de « La Fraction du Pain ».

Marie en gloire

Depuis le XIIIème siècle qui commence à dire Marie immaculée, s’est développée une période propice à la réflexion théologique et esthétique, pour dévoiler peu à peu les pans du mystère de l’Immaculée Conception. Sans encore affirmer le dogme – il faudra pour cela attendre la bulle de 1854 – le concile de Trente mentionne, en 1546, l’exemption de Marie du péché originel. Bien que les théologiens laissent juridiquement la question ouverte, le pape Paul IV en permet aussitôt la propagation artistique. Peintres, graveurs et maîtres verriers utilisent abondamment cette autorisation, en particulier en Italie, en France et surtout en Espagne aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Marie immaculée s’incarne alors en cette femme de l’Apocalypse que saint Bernard a identifié à la Vierge : « Un signe grandiose apparut au ciel, c’est une femme… douze étoiles couronnent sa tête… » Marie immaculée prend les traits de la « Vierge aux symboles bibliques », cette toute jeune fille aux longs cheveux tombant sur les épaules, qui joint les mains et semble flotter dans l’espace, entre ciel et terre, « belle comme la lune… brillante comme le soleil… puits d’eau vive… miroir sans tache…« . Tout autour de la Reine des Anges, on peut reconnaître les symboles des litanies, certains portés par les angelots « disposés en gloire » : lys de la Mère très pure, miroir de justice, rose mystique, maison d’or, tour d’ivoire, porte du ciel… et même le serpent qui représente le péché dont elle triomphe. L’Esprit Saint se montre au-dessus d’elle semblant prononcer en la voyant si pure, la parole du Cantique des Cantiques : « Tu es toute belle, ma bien aimée et sans tache aucune… »
Cette oeuvre est classée « Monument Historique » depuis 1908.