Abbé Yves Genouville

Le Père Yves Genouville est le curé de la paroisse Saint-Symphorien depuis le 1er septembre 2014.

« Mon parcours est très classique. Je suis le cinquième d’une famille profondément chrétienne qui compte six enfants. Originaire du Chesnay, je suis, pourrait-on dire, un pur produit versaillais car j’ai passé treize ans au lycée Saint-Jean de Béthune (aujourd’hui Saint-Jean-Hulst). Je fais cependant partie de ces prêtres atypiques qui sont entrés au séminaire juste après le bac.
Ma vocation est née très progressivement à travers ma famille, l’accompagnement religieux et spirituel que j’ai connu à Saint-Jean, le service de l’autel que j’accomplissais dans ma paroisse de Saint-Antoine de Padoue, le scoutisme. J’ai été aussi très marqué par le mouvement « Lux et Caritas » qui avait des activités humanitaires et spirituelles en Pologne et dans les pays de l’Est. A ma demande, Monseigneur Thomas m’a envoyé faire une année de propédeutique à Paray-le-Monial : j’y suis resté trois ans. Ce furent trois années fondatrices. On ne passe pas trois ans dans la cité du Sacré Cœur sans en être profondément marqué. Et puis Paray-le-Monial est une ville empreinte par une forte et ancienne présence monastique : cela non plus n’est pas sans incidence…
J’ai ensuite passé quatre années au séminaire d’Issy-les-Moulineaux… Mais entre temps il y a eu un petit « clin Dieu » puisque j’ai fait mon service militaire à Autun, et comme vous le savez, c’est la ville d’un saint martyr prénommé… Symphorien !
Je suis resté quatre ans vicaire à Houilles et Carrières-sur-Seine, avant de devenir curé de Bailly, Noisy et Rennemoulin. En même temps j’étais aumônier du lycée militaire de Saint-Cyr l’Ecole. C’est un gros internat de plus de sept cents élèves et donc un vrai travail à mi-temps en période scolaire. C’est moi qui ai ensuite demandé à Monseigneur Aumonier d’être détaché au diocèse aux armées. J’avais déjà eu une expérience militaire car lorsque j’étais vicaire, Monseigneur Dubost, évêque aux armées à l’époque, m’avait demandé de m’occuper d’une base marine située à Houilles. J’ai souhaité pousser plus loin cette expérience, partager la vie des soldats, les accompagner durant leurs opérations. J’ai donc été envoyé pour six ans à Poitiers au RICM : comprenez Régiment d’Infanterie Chars de Marine, ainsi qu’à l’état-major de la 9ème brigade d’Infanterie de marine (9ème BIMa).
C’est un ministère hors norme qui s’exerce au travers de trois missions : le service du culte bien sûr, une mission d’écoute auprès de tous les soldats et une mission de conseil au commandement sur les questions religieuses ou d’éthique. C’est toujours très concret. Mais je peux affirmer que quatre-vingt-dix pour cent de mon temps a été consacré à m’occuper de gens qui n’ont rien demandé et qui ne vont pas à l’église… C’est un ministère qui ressemble un peu à ce qu’a vécu Charles de Foucauld en Algérie : il faut vivre avec les soldats, les adopter et se faire adopter. Cela passe par des actes très simples : un footing, un repas partagé, des discussions pour essayer de les réconcilier avec la question religieuse… Je les ai accompagnés quatre fois pour des opérations de six mois à l’étranger : deux fois en Côte d’Ivoire, en Afghanistan et au Liban. L’armée est un monde où les relations humaines tissées au quotidien sont très spécifiques, franches et sans détour.
Aux armées, le ministère est passionnant, mais la paroisse m’a manqué. J’ai eu la grâce de bien vivre ce ministère différent parce que je savais aussi qu’il ne durerait que six ans. Je suis donc content à Saint-Symphorien. Deux dimensions de la vie paroissiale me frappent : son unité et son dynamisme familial ; il faut continuer à les faire fructifier. Le don de la famille s’entretient et je le fais aussi à titre personnel : j’ai dix-huit neveux et deux petits-neveux ! Je trouve que nous avons une grande responsabilité vis-à-vis de la jeunesse : elle reçoit beaucoup, il lui sera donc beaucoup demandé…
L’un de mes points d’attention est aussi la liturgie et la vie de prière : une liturgie soignée et priante est au service de la vie de prière, elle nourrit notre vie spirituelle et les jeunes générations y sont particulièrement sensibles.
Enfin je suis attaché au témoignage de charité que donne l’équipe des prêtres. Nous savons que l’essentiel n’est pas dans la quantité d’activités effectuées par un prêtre, mais dans la manière dont il accomplit sa mission et sa disponibilité.
J’aime beaucoup le bienheureux Charles de Foucauld : la chapelle du lycée militaire de Saint-Cyr est d’ailleurs sous son patronage. Bien sûr je suis attaché à sa prière d’abandon. Mais je m’appuie davantage dans ma vie sacerdotale sur une lettre qu’il a écrite à Joseph Hours en 1912*, sur les moyens de l’apostolat. »

Lettre à Joseph Hours

Assekrem, le 3 mai 1912

Monsieur,

Je reçois votre lettre, qui me dit, sur le besoin qu’a partout, en France comme en pays de missions, l’oeuvre ecclésiastique d’être renforcée d’une oeuvre laïque, des choses bien vraies – que je pense moi-même depuis longtemps… Comme vous le dites, les mondes ecclésiastiques et laïcs s’ignorent tellement que le premier ne peut donner à l’autre.

Il est certain qu’à côté des prêtres, il faut des Priscille et des Aquila, voyant ceux que le prêtre ne voit pas, pénétrant où il ne peut pénétrer, allant à ceux qui le fuient, évangélisant par un contact bienfaisant, une bonté débordante sur tous, une affection toujours prête à se donner, un bon exemple attirant ceux qui tournent le dos au prêtre et lui sont hostiles de parti pris. […]

La charité, qui est le fond de la religion (« le premier devoir est d’aimer Dieu, le deuxième, semblable au premier, est d’aimer son prochain comme soi-même »), oblige tout chrétien à aimer le prochain, c’est-à-dire tout humain, comme soi-même, et par conséquent à faire du salut du prochain, comme de son propre salut, la grande affaire de sa vie. Tout chrétien doit donc être apôtre : ce n’est pas un conseil, c’est un commandement, le commandement de la charité.

Être apôtre, par quel moyen ? Par ceux que Dieu met à sa disposition : les prêtres ont leurs supérieurs qui leur disent ce qu’ils doivent faire…Les laïcs doivent être apôtres envers tous ceux qu’ils peuvent atteindre : leurs proches et leurs amis d’abord, mais non eux seuls, la charité n’a rien d’étroit, elle embrasse tous ceux qu’embrasse le Cœur de Jésus.

Par quels moyens ? Par les meilleurs, étant donnés ceux auxquels ils s’adressent : avec tous ceux avec qui ils sont en rapport sans exception, par la bonté, la tendresse, l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes ; avec certains sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant ; avec d’autres en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent le porter ; dès qu’ils en sont à la pensée de rechercher la vérité par l’étude de la religion, en les mettant en rapport avec un prêtre très bien choisi et capable de leur faire du bien… Surtout voir en tout humain un frère.

Charles de Foucauld

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