Antoine Berger, diacre

Le mot diacre, du grec diakonos signifie serviteur. On me distingue par l’étole que je porte en biais sur l’épaule gauche et lorsque je suis en tenue civile, je porte à la boutonnière un petit insigne : un « d » minuscule sur lequel est apposée une barre transversale qui rappelle la croix du Christ. Je suis marié, père de famille, grand-père de trois petits-enfants.
En 1990, j’ai suivi avec mon épouse Marie-Magdeleine une retraite à l’« École de prière » du père Caffarel à Troussures, une semaine en silence, même pour les couples ! A la sortie, nous nous disons l’un l’autre que la question du diaconat nous est venue à l’esprit… Étonnante coïncidence ! Des amis proches me posaient parfois la même question. Je faisais la sourde oreille : « Si Dieu le veut, Il me le fera savoir… ». Fin 1999, un prêtre me téléphone : « Je veux venir chez toi pour te demander de réfléchir au diaconat. » Sentiment d’un coup de massue ! « Seigneur, ne pourrais-tu me laisser tranquille ? » car j’avais le désir de souffler après avoir, me semblait-il, assez donné au fil des années : conseil pastoral ou liturgie en paroisse, scoutisme, responsabilités dans les Associations de parents d’élèves, puis dans les Équipes Notre-Dame.
De plus, à cette période-là, je travaillais professionnellement au service de l’Église de Paris. A cet ami prêtre qui m’interpellait, je pose la question : « Pourquoi ? ». Il me répond : « J’y ai pensé quand tu as parlé lors de la messe d’enterrement de ton fils aîné. » Ainsi, ce n’était ni à cause de ce que j’étais, ni de ce que j’avais fait, mais c’était parce qu’au cœur de notre drame familial, dans notre église paroissiale bondée, l’Esprit Saint m’avait soufflé une parole de foi en l’infinie miséricorde du Père. Alors, après une longue réflexion dans la prière, j’acceptai, à 58 ans, de m’engager, avec Marie-Magdeleine, sur le long chemin de discernement et de formation pour le diaconat permanent, en respectant le conseil de discrétion. Notre deuxième fils, médecin, n’avait pas connaissance de ma démarche quand, peu après, il nous annonça sa décision d’entrer au séminaire. Notre fille, professeur dans un collège public, était tout juste mariée. Quand le moment fut venu de les mettre dans la confidence, ils ont ri, disant qu’ils en avaient parlé entre eux bien avant !
Mon discernement aura été difficile : suis-je apte à ce ministère ? Dans l’Équipe Responsable Internationale des Équipes Notre-Dame, nous avions coutume de dire que la responsabilité dans ce mouvement est d’abord « un appel à aimer plus ». N’en est-il pas de même du diaconat ? « Saurai-je aimer comme tu me le demandes, Seigneur ? » Et me revenait la question lancinante : « Pourquoi moi ? » Quand j’ai admis que c’est le secret de Dieu et que je devais attendre de l’Église la confirmation de l’appel de l’Esprit, j’ai trouvé la paix. Les accompagnateurs de notre équipe de cheminement m’ont demandé d’accomplir un service pastoral : visiter des malades en milieu hospitalier. Je ne me sentais pas fait pour cela ! Mais dès les premières visites, j’étais surpris de me sentir à l’aise et heureux de ces rencontres souvent intimes avec des personnes inconnues.
Mes domaines professionnels ont été principalement la finance et la gestion, longtemps dans un groupe international qui m’a permis des rencontres dans de nombreux pays. Je suis membre du conseil d’administration de l’OCH, Office Chrétien des Personnes Handicapées. Souvent la personne atteinte d’un handicap témoigne dans sa faiblesse de la force de l’amour dont elle vit et qu’elle suscite autour d’elle : elle nous ouvre le cœur sur l’essentiel. En cela, elle me rappelle à l’essentiel du ministère diaconal : dans ma faiblesse m’appuyer sur la force de l’Amour, aimer avec humilité pour servir en vérité. J’ai accueilli cet appel avec une joie profonde.
Au départ, il nous est conseillé de garder la démarche vers le diaconat confidentielle, ce qui préserve notre liberté. Après une année de discernement et trois années de formation (avec mon épouse), l’étape de « l’admission » permet de lever le secret. Dans les mois qui suivent, une seconde étape est celle de « l’institution » à l’acolytat (service à l’autel, NDLR) et au lectorat. La formation se poursuit encore un an jusqu’à « l’ordination ». Une formation continue est proposée ensuite. Avant l’admission et l’appel au diaconat par l’évêque, une enquête est menée. Nous sommes invités à donner une liste de quarante personnes de notre entourage à qui le délégué diocésain au diaconat écrit pour leur demander leur avis. Par ailleurs, on écrit une lettre à notre évêque pour confirmer notre proposition d’être appelé au diaconat en lui expliquant les circonstances de notre démarche et nos motivations.
J’ai été ordonné diacre le 26 février 2006. J’ai reçu le premier degré du sacrement de l’ordre qui comporte trois degrés : le diaconat, le presbytérat et l’épiscopat (diacre, prêtre, évêque).
En communion avec son évêque, le diacre lui promet obéissance. Il reçoit de lui ses missions. Il s’engage à être « ministre » c’est-à-dire « serviteur » de la liturgie et de la prière de l’Église, de la Parole de Dieu et de la charité.
Les missions diaconales sont très différentes selon les diacres. Elles dépendent de son état de vie, marié ou célibataire, de sa situation de famille, de ses activités, profession ou retraite, de ses talents, des besoins les plus pressants… Ma paroisse est mon premier lieu de mission. Et puis, lors de mon ordination, j’ai été envoyé à l’Hôpital privé de Parly II où j’ai créé une aumônerie, équipe de visiteurs de malades, et aussi à la Maison de retraite Despagne où j’accompagnais l’aumônerie existante. Lors de ma retraite professionnelle, j’ai été nommé aumônier diocésain du Mouvement Chrétien des Retraités (MCR), pendant trois ans.
Pour être diacre, il faut avoir au moins 35 ans et, si l’on est marié, 10 ans de mariage. On garde l’état de vie que l’on avait au moment de l’ordination : un diacre célibataire s’engage à ne pas se marier, un diacre perdant son épouse ne se remarie pas.
Le diacre peut donner les sacrements du baptême et du mariage. Il lui est souvent demandé de célébrer des obsèques (qui ne sont pas un sacrement…). Contrairement au prêtre, un diacre ne peut pas célébrer l’Eucharistie, ni confesser, ni administrer le sacrement de l’onction des malades. J’ajoute qu’il ne faudrait pas voir dans un diacre une sorte de « prêtre au rabais ». Son ministère est différent, il est avant tout signe du Christ serviteur dans le monde, avec ce que cela implique de proximité.
On est diacre de la paroisse où l’on vit. Dans ma paroisse Saint-Symphorien, je sers selon les besoins de notre paroisse, les demandes de notre curé et des paroissiens ou selon mes initiatives. Il me faut ajouter que mon épouse m’aide beaucoup dans mon ministère. Nous prions ensemble. Nous échangeons sur mes missions, sous réserve de la confidentialité que je dois respecter. Elle me soutient par ses conseils et son discernement. Dans un couple, l’homme est ordonné, mais son ministère est largement partagé par son épouse ! Je suis un paroissien et un diacre heureux ! Je me sens bien accueilli par la communauté paroissiale. Par l’ordination, un diacre devient un clerc. Et je me sens fraternellement proche des prêtres qui œuvrent dans notre paroisse.

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